Rémi alèm Goulet photographies

Le Testament de l'araignee

Invocation for Things to come

Tout contraint nous sommes alors devant ce temps anémié, cet espace fleuri qui se creuse dans nos mains, nos fissures accourent vers les pensées infâmes. La pluie est le mors de l'homme qui reste immobile, le voyageur ne souffre pas de la pluie, il la chevauche. Ses yeux tonnent contre le visage des jeunes étrangères. D'un seul regard, il leur écorche leur beauté et celle-ci lui courra le cœur pendant une vie. À chaque voyage, d'un pas ou de mille, il ramène ce cortège de fantômes, cet almanach frêle qui ne tolère pas un souffle et il le traînera longtemps, en ribambelles, en rideaux d'arrêts, .. Il ne pourra se souvenir de toutes, il retiendra du pays de fragiles liens pour se tisser une présence.
Et qu'importe les reflets opiniâtres des visages trop connus, trop parcourus, épuisés, il ne retient que ce qu'il n'a pas "connu" que l'intouchable et non l'insaisissable. Il pleure des mots à chaque coin de ma vitre et les phrases cognent pour sortir, la pluie suinte, le mur ne la retient plus, il ne retient que la lumière.


Les araignées sont des songes comme les autres, elles nous rappellent nos défaites que nous ne sommes pas plus libres que le papillon qui se précipitent dans leurs toiles - ces pauvres malheureux qui par leur vision in-convenable prennent leur mort pour des fleurs d'une irrémédiable beauté.

Elle n'est pas là la chanson promise, il n'y a que son souffle, une chandelle de glace. Il ouvre la bouche, ce ne sont plus deux voix qui sortent mais une vague d'oiseaux qui ne sifflent que de leurs ailes. Il est perdu. Demain il aura mille corps qui d'une lumière se disperseront laissant là une vie trop mal exploitée, lui qui cherchait son mystère, il l'épouvante. L'oiseau sait trop bien le sort que lui réserve l'homme, il préférerait que l'homme l'avale d'un coup net. L'oiseau préfère l'iguane, sa politesse et son silence. Pas de rachat de costume pour l'iguane, une cote d'écailles suffit, juste un blindage.


Pas franchi le pont. Pas de frontières qui nous pourchassent dans les landes. Les vagues fatiguent la plage. Elles nous bondellisent, nous courchifionnent, nous peluchent en ligaments litho-spongieux. La décalcification est instantanée, nous devenons méduses. Les vagues crevasses de notre exo-squelette.
Et cette vertèbre qui se liquéfie, celle-là, intermédiaire, dans le cou, qui fuit affolée par les milles contraintes.

L'irrémédiable est arrivée, la tristesse pointe.

Et ces corps qu'il faut lacérer, d'un seul geste, d'un seul regard. Il y a un coup d'œil infaillible à acquérir. Pas de temps à perdre à les découvrir tous pour découvrir cette chose qui pourrait bien ne pas y être - une réponse, un mot, un souffle, un geste. Alors il ne faut pas être faillible, il ne faut s'attarder que sur ce qui possède toute chance d'être de la bonne fragrance.


Mon froid.
Elle l'a traversé d'une œillade, elle m'a montré mon indécence : lui manger le sexe. Je n'étais que celà.
Trop petite, trop jeune, bien sûr (20 ans).
Mais elle avait tout ce qu'il me faut. Elle le savait. L'ai-je dérangé ? Pas sûr. Je ne pourrais y croire.
J'étais projeté sur son visage, dans l'attente de ses merveilleux regards tant redoutés. Elle s'est interrogée, ne s'est pas fournie de réponses, du moins visiblement…
Elle me tremble.

Toujours savoir où sont mes membres, leur localisation.
Une gêne qui me donne à penser.

Ils ne s'imagineront jamais les kilomètres que nous parcourons en les observant. Nous crawlons sur leurs rides, elles nous sont familières, elles ont pour nous des bontés d'auberges. Leurs rides sont notre lit, des sillons bien parallèles.
À mesure, mon exigence me parait grotesquement gigantesque, elle n'a jamais changé.
Alors il me faut voler.


On ne peut voir et écrire en même temps, adieu la simultanéité.


Ils sont fous.
à croire qu'ils veulent tous en finir avec la vie…
"Je vais mal, tu sais ?"
"Ah bon, je croyais pas… à voir ta gueule de karst jurassique !"
Les filles de maintenant, puisqu'il existe ce maintenant, ont des gueules de résurgence. Toute la complexité de la Loue, elles le portent sur leurs visages. Elles devraient faire de la pub pour l'anisette de Pontarlier que les hommes avalaient à l'apéro.
Moi, j'ai jamais aimé l'anisette. Et ça fait bien longtemps que les résurgences ne me fascinent plus, les dolines encore un peu… Ya plus que les cluses qui m'intéressent. Écartez vos cuisses, mesdames !
Le Gouffre de Padirac, je veux bien, le vrai, celui de mes 6 ans… encore plus maternel que ma mère…
Qu'on me le re-propose !!!!
mais celui en stalactites fadasses d'une post-adolescente, non… sortez la nitro-glycérine…
Elle n'est (était) pas venue celle qui me fera (m'aurait fait) le même effet que la Falaise d'un Mont-D'Or. Elle n'est (n'était) pas venue. Elle aura intérêt à faire saillie (à fait saillie), me rentrer (m'est rentrée) dans la chair. Je n'ai pas d'estime pour le sable… (Et depuis, elle m'a abandonné dans le sable).
Elles m'épuisent et me noient dans la colère.


Et toujours cette inaltérable et inamovible présence de mon corps.
Je ne suis pas mort.


Elle fut efficace la baffe.
Ce n'est pas un rejet, c'est une catapulte… Celle qui paraissait toute mon enfance m'a explosé à la gueule, celle qui m'a caressé est une wassingue sale, celle que j'ai caressé ne m'a pas regardé…
Je n'en sauverais qu'une.
Je ne la perdrais pas… je ne l'aurais pas…


Depuis l'âge de 12 ans, je ne suis plus jamais tombé des falaises, je les ai prises en pleine figure, à la vitesse des trains.
J'ai tout dispersé ?
Je ne peux le penser vraiment…
Je ne peux plus me transférer ou transférer sur ou dans quelqu'un d'autre. Je vais devoir désincarner ma vision.



"Tu as perdu ma confiance"

Ce fut réciproque.


Celà fait longtemps… Il ne reste que des ruines autour de moi…

L'esprit manque ici.
De même que le courage.

On a la pauvreté qu'on peut.

Et puis, il y eut Sarah.
Qui prit le taureau par les cornes. et lui fit danser la corrida. Pour montrer au taureau qu'il n'était qu'un jeune taurillon



Il y a des demoiselles qui vous apprennent la Patience et les bonnes manières
qui vous apprennent la peau en moins de deux secondes
…si tu savais ma petite chérie…

Le voyageur ne doit pas s'arrêter tant sur le visage de ces étrangères, écorcher, ne retenir que ce qu'il ne pourra ne jamais avoir.

Dis Ami, tu me vois là alors que je m'acharne sur la craie de mon corps, crois-tu que je ne puisse qu'être injuste avec moi-même ? Tu penses que je me flagelle ? détrompe-toi ! Ce n'est pas une punition que je m'inflige, il n'y a pas de châtiments si cruels justifiables à mes yeux. Je me harcèle pour ne plus me mentir, pour être, sans le masque, sans le personnage. Je suis à la chasse à courre, j'en suis le meneur mais aussi le cerf. Ce qui m'importe, c'est la curée, ce grand nettoyage qui me videra, ne laissant que les os nus, les tendons et les cartilages. Peu m'importe la souffrance, elle m'est nécessaire. Le Juge veut strictement que la vérité s'établisse sous la lumière de la loi. De ta part, je ne cherche pas la béquille, je cherche la joie et l'oubli de l'instant, non l'oublie de ma besogne. Par la joie que tu me donnes, je continue cette besogne de la manière la plus heureuse qui soit.

L'écriture ne vient qu'en marchant, le mouvement lui est propice comme à la pensée. il faut qu'elle voyage. Même le train et le chemin de l'endormissement lui sont propices.


Trop d'espoirs ébranlent le cours de mes pensées, trop d'illusions, des croyances en l'utopie qui ne devraient pas être. Il ne faudrait croiser que des existences et non des possibilités : pas beaucoup de possibilités en ce moment pour transmuer les possibilités en réalités. Sauf en photo. Mais plus cela se produit en photo, moins cela se produit dans la vie réelle. Donc obligé de de reconstituer les choses avec la lumière la plus exacte possible ou plutôt avec des lumières qui découpent les choses de la manière la plus exacte possible. Pas envie ni de désir avec les lumières floues même les plus violentes.
Aujourd'hui la lumière coule sur les choses et en absout les contours et, ce qui prime, elle détruit mes illusions.

Une tôle ondulée, les sons me parviennent. comme des coups que l'on donnerait sur une tôle ondulée. Je suis cette tôle ondulée. Comme cet engin utilisé pour montrer les oscillations aux élèves, je suis une oscillation perpétuelle je rentre en résonance. Je ne suis que mon dos, une peau de caisse claire, je vibre, j'accuse le coup en ne bronchant pas, coups rapides donnés à une allure de paresseux au niveau des lombaires, l'arythmie étant la règle.

Tout se bouscule, les prénoms, les âges, les temps, les visages. Il faut faire attention, c'est une période où il ne faut pas faire de faux pas. Ne pas oublier qu'il faut percer des murs avant de les traverser.

Passages, passages, le vent souffle. Nous tremblons mais comme la feuille, est-ce dû au vent ou à l'alcool de l'oiseau ?
Passages, passages, nous passons à travers les gens comme à travers les barricades de sable.
Nous heurtons, nous heurtons dans nos passages-passages. être toujours trait même discontinué. être toujours l'arbalète qui perpétuellement relance le trait.
Ultime trait. Trait qui force, qui raye, pénètre ; trait parallèle à lui-même y compris chez Rieman, trait-train, Trait qui rature, qui écrase par sa vitesse, qui condense le corps qui fait corps-flêche, transperce sous son armure, immeuble-coffre, mauvaise foi et conscience, et qui atteint, qui atteint.

"Si tu es fou, je devrais peut-être attendre que tu te calmes. Désolée. Bonne nuit."

Le vent, le vent qui nie tout obstacle, le vent ici. le vent qui est la principale force qui pèse sur nos épaules, le vent qui nous exploite, qui ferme nos portes, arrête nos pas, le vent, contre lequel il faut lutter. Le vent qui faiblit avec l'alcool, il devient plus dodu, moins réactif, moins entreprenant, il perd de sa pénétration. il ne caresse pas pour autant, ses gestes sont plus enveloppants, moins fouets et plus amples mais moins fort aussi alors que nous ne résistons plus.

L'abandon se glisse sur mes épaules et les recouvrant d'une étoffe froide, la pesanteur de cette fatigue perce ma vision et mes yeux se ferment contraints.

Penser une roulade sans fin. Prendre un plaisir non innocent, se renverser la tête, perdre un équilibre si jeune. Une petite limite.

Le corps roule roule roule roule roule jusqu'à étourdissement. S'étourdir à tout prix.
Rouler sur soi-même, plus loin encore sur une pente sans fin, jusqu'à s'étourdir…

et cette histoire de recommencer encore et encore…